Varys, “l'Araignée”, raconte sa propre enfance à Pentos, ainsi que la création de son armée “d'oisillons”.
Narration[]
Varys :Les hommes m'appelaient “l'araignée” bien avant mon arrivée à Westeros. Quand j'étais jeune voleur à Pentos, j'avais huit mains, chacune plongées dans la poche d'un étranger. Mais les autres voleurs n'appréciaient guère mon talent, et leur taille et leur force parlaient pour eux. En comprenant pourquoi, on me passa à tabac et on me dit qu'un eunuque avait sa place dans un bordel, comme tout négrier le savait. Je parvins à leur échapper et me mis à dormir dans les égouts le jour et à rôder sur les toits la nuit, toujours au bord de l'inanition, voire de l'esclavage.
Puis je rencontrai Illyrio Mopatis. C'était un Braavien qui vivait par l'épée, mais dont l'esprit était plus acéré que sa lame. Je lui proposai un arrangement. J'espionnerai les tire-laine de bas étage et volerai leurs butins. Illyrio offrirait son aide aux victimes des voleurs, en retrouvant leurs objets de valeur contre une prime. Bientôt, tous les honnêtes gens surent qu'il fallait voir Illyrio, pendant que les détrousseurs venaient à moi, la moitié pour me vendre leurs larcins, l'autre moitié pour me trancher la gorge. Malheureusement pour eux, Illyrio avait davantage besoin de ma gorge que de la leur.
La plupart des voleurs à la tire, comme la plupart des hommes, sont des idiots qui ne songent qu'à transformer leur butin en vin. Par chance, comme les autres voleurs à la tire me l'avaient rappelé, je n'étais pas un homme. Pas plus que ceux que j'engageais avec l'or que l'on gagnait. Je choisis les orphelins et orphelines les plus petits, qui étaient aussi vifs et silencieux que moi, et leur appris à escalader les murs et à descendre dans les cheminées. Mes oisillons laissaient les babioles brillantes aux vulgaires voleurs et volaient à la place des lettres, des registres et des cartes. Les secrets valent bien davantage que de l'argent ou des saphirs. J'appris plus tard à mes oisillons à lire les lettres et à les laisser sur place pour que personne ne découvre notre intrusion. Illyrio et moi devînmes si riches qu'il épousa une princesse de Pentos, tandis que la rumeur de mes talents arriva aux oreilles d'un roi de l'autre côté du Détroit qui ne faisait confiance ni à son fils, ni à sa femme, ni à sa Main.
Or, il faisait bien, comme je le lui confirmais à mon arrivée, alors que j'élevais d'autres oisillons. Quel jeu incroyable pour eux que de découvrir les tunnels secrets sous le Donjon Rouge et d'écouter tous les secrets murmurés entre les murs du château. Je me demande ce que sont devenus mes oisillons après mon départ de Port-Réal. Ils sont sûrement retournés à Culpucier, ou pire, ont grandi. Un jour, je réentendrai leur chant. En attendant, eh bien, le monde ne manque pas d'orphelins. Des oisillons chantent à l'ouest et des oisillons chantent à l'est. Et une harpie vole dans la toile de l'araignée.