À l'époque, nous transformions les métaux et d'autres merveilles, mais le roi s'intéressait davantage à notre maîtrise de la substance, que les non-initiés surnommaient « feu grégeois ». Un léger euphémisme. Pour les profanes, ce feu semble totalement incontrôlable.
Il ne peut être éteint par l'eau, ni repoussé par l'acier. Seul notre ordre en connaît les secrets. Dans des cellules de pierre sous l'Hôtel des Alchimistes, nos acolytes préparent la substance avec le grand soin et la magie ancienne. Les pots sont alors stockés en lieu sûr par les apprentis.
Ce sont les Sagesses qui veillent sur sa pureté, dont je fais partie, les adeptes des mystères alchimiques. Si un acolyte devait manquer à son devoir et la substance s'embraser, les plafonds sont conçus pour s'effondrer et remplir la pièce de sable. Une fois la substance allumée, elle ne peut que brûler jusqu'à son épuisement.
La Guilde servit loyalement les Targaryen pendant des années, jusqu'à ce qu'elle soit attaquée de toutes parts par les envieux, l'Ordre des Mestres, qui refusait tout enseignement qui ne fut pas le leur, et les charlatans qui vendaient de la peinture verte et pire encore, en notre nom.
Après que l'inopportun prince Aerion Targaryen, ivre par le vin, se vanta qu'un soupçon de cette substance l'aurait transformé en dragon, nous perdîmes nos faveurs royales. C'est alors qu'arriva le sage roi Aerys, deuxième de son nom.
J'étais un simple acolyte quand il rétablit la gloire de notre guilde. À l'instar de ses illustres ancêtres, il appréciait notre art secret, au point de nommer Sagesse RossartMain du Roi. Ensemble, ils punirent ses ennemis, comme il convient à un vrai Targaryen.
Durant la guerre de l'Usurpateur, j'ai ouï dire que le roi Aerys avait engagé nos meilleures Sagesses pour mettre au point l'arme parfaite contre l'ennemi. Mais malheureusement, Port-Réal est tombée avant qu'il ne puisse l'utiliser et bon nombre de nos Sagesses disparurent dans le sac de la ville, victimes de l'ignorance et de l'envie, comme à l'accoutumée, je juerais.
Pourtant, notre ordre persévère. Tout comme la substance qui se renforce en vieillissant, nous perfectionnons notre art dans l'ombre, oubliés du monde. Nous sommes maîtres du feu mais nous ne vivions que pour servir. Il nous suffit d'avoir la justice éternelle.